
Elève tuée à Nantes: émotion et incompréhension au lycée au lendemain du drame

"Triste et choqué": comme Antonin, de nombreux élèves et parents étaient en proie à l'émotion et l'incompréhension vendredi au lendemain d'une attaque au couteau dans laquelle une lycéenne a été tuée et trois autres blessés dans un établissement privé de Nantes.
Le suspect, un adolescent scolarisé en classe de seconde au groupe scolaire Notre-Dame-de-Toutes-Aides, a été interpellé peu après le drame, jeudi à la mi-journée, mais il a été hospitalisé dans la soirée après un examen psychiatrique. Ses motivations restent indéterminées à ce stade.
Le comité des élèves du lycée a diffusé un appel à déposer des fleurs en hommage aux victimes devant l'établissement vendredi à 15H30. Mais déjà dans la matinée, des groupes de lycéens et des adultes seuls, se venaient déposer une rose blanche ou un bouquet sur le perron. Certains s'agenouillent en silence ou s'enlacent avant de repartir, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Je ne pouvais pas être présente" pour l'hommage de l'après-midi "alors je suis venue ce matin", explique Emilie, 18 ans, en classe de terminale, "bouleversée". "Il n'y a jamais eu de bagarre, jamais de violence au lycée ou à l'école", assure-t-elle.
À quelques rues de l'établissement, une vingtaine de lycéens, tous vêtus en blanc, se sont rassemblés à la mi-journée avant l'hommage. "C'est une façon de leur montrer qu'on est là, qu'on pense à eux", explique Emma, en seconde, "le blanc, c'est pour dire qu'on y pense tous mais c'était pour pas se mettre en noir, parce que c'est une couleur triste".
- Rose blanche -
Les cours sont suspendus vendredi pour les élèves du collège et du lycée nantais, qui peuvent bénéficier d'une cellule de soutien psychologique.
Antonin, en terminale, ne pense pas aller voir les psychologues "mais c'est bien qu'ils aient fait ça", dit à l'AFP le lycéen qui a apporté une rose blanche en hommage aux victimes.
L'école primaire du groupe, fréquenté par 2.000 élèves au total, a maintenu la classe.
"Ce n'est pas plus mal que la plus petite reprenne l'école car elle pourra poser des questions à l'équipe éducative si elle en a besoin", estime Antoine, responsable informatique de 44 ans, venu accompagner sa fille scolarisée en CE2.
"On a essayé de trouver les bons mots pour lui annoncer le décès de la jeune fille. On lui a dit qu'elle avait succombé à ses blessures, cela met un peu de distance", explique-t-il.
- Profil difficile à cerner -
Outre la lycéenne décédée, trois autres élèves ont été blessés à coups de couteau. L'un d'entre eux se trouvait entre la vie et la mort jeudi soir mais son état de santé "s'est amélioré", a indiqué vendredi le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy.
Le magistrat doit donner une conférence de presse à 18H00.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a indiqué à l'AFP qu'il avait évalué les faits et estimé qu'ils ne relevaient pas de sa compétence.
Le profil de l'agresseur semble difficile à cerner.
"Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu'il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi", a témoigné auprès de l'AFP une collégienne.
Peu avant d'attaquer ses camarades, les élèves du collège et lycée ont reçu un courriel sombre et confus consulté par l'AFP. Le suspect y évoque notamment "la mondialisation (qui) a transformé notre système en une machine à décomposer l'humain", revendiquant une "révolte biologique" afin que "l'équilibre naturel, même cruel" reprenne "sa place" contre "l'écocide globalisé".
Quelques heures après l'attaque, le ministre de l'Intérieur et sa collègue de l'Education se sont rendus au lycée pour saluer le travail des forces de l'ordre, des secours ainsi que du personnel enseignant qui a permis de maîtriser l'agresseur et d'éviter, selon eux, un bilan plus lourd.
François Bayrou a estimé que l'installation de portiques à l'entrée des établissements scolaires était "une piste" pour éviter de nouvelles attaques au couteau, des armes qui "doivent être pourchassées". Cette hypothèse a suscité l'opposition à gauche vendredi - à l'image de l'eurodéputée LFI Manon Aubry qui dénonce une "course à l'échalote" sécuritaire - mais reste plébiscitée à droite.
L.Côte--SMC