
Cessez de cibler les profs, visez plutôt la réussite des élèves!

Lettre à tous les membres de l’Assemblée nationale du Québec
MONTRÉAL, QC / ACCESS Newswire / le 23 avril 2025 / Au nom des 7 500 enseignantes et enseignants que l'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) représente, nous nous permettons de prendre la parole pour vous signifier notre profonde indignation à l'égard des plus récentes décisions prises par le gouvernement en matière d'éducation. En effet, les multiples projets de loi déposés récemment constituent des attaques directes contre la profession enseignante. Une fois de plus, la Coalition Avenir Québec (CAQ) choisit de cibler directement les enseignantes et enseignants, plutôt que de s'attaquer aux réels problèmes de notre système d'éducation.
Le plus récent de ces projets de loi, soit le projet de loi no 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives, a été déposé en réponse aux événements inacceptables survenus à l'école primaire Bedford. Cependant, plutôt que de remédier à cette situation particulière et tout à fait exceptionnelle, en tenant compte des circonstances, le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a profité de l'occasion pour introduire sournoisement des changements importants qui n'ont rien à voir avec la laïcité, mais qui auront des impacts majeurs sur l'autonomie professionnelle et la tâche des enseignantes et enseignants.
Sous prétexte de remédier aux problèmes rencontrés dans une école, problèmes qui auraient pu être résolus efficacement avec des outils déjà existants, le ministre a, entre autres, introduit l'obligation pour tous les enseignantes et enseignants de soumettre une planification pédagogique annuelle à la direction, ignorant totalement le fait que la planification évolue pour diverses raisons. Il a aussi ajouté une obligation pour la direction de procéder à l'évaluation annuelle obligatoire de tous les enseignantes et enseignants en utilisant le « guide de bonnes pratiques » établi par le ministre lui-même, ce qui ne tient pas compte de l'expertise et du rôle de l'enseignante ou de l'enseignant en tant qu'expert pédagogique. En outre, ces évaluations individuelles mesureront la contribution de l'enseignante ou de l'enseignant au projet éducatif de l'école, rendant ainsi les enseignantes et enseignants individuellement responsables du projet, sur lequel ils n'ont pourtant que peu ou pas de contrôle individuel et qui est censé être une vaste responsabilité partagée par l'ensemble du réseau scolaire.
En plus de générer des attentes injustifiées envers les enseignantes et enseignants, ces nouvelles obligations engendreront une véritable montagne bureaucratique, tant pour les enseignantes et enseignants que pour les directions. Elles sont par ailleurs dépourvues d'utilité, les directeurs d'école pouvant déjà exiger d'une enseignante ou d'un enseignant qu'elle ou il lui soumette une planification pédagogique, et tous les leviers pour les évaluer sont déjà prévus par la législation et les contrats de travail. Dans un contexte de pénurie de personnel et de compressions, et considérant les besoins criants actuels du système d'éducation, nous nous interrogeons sérieusement sur cette mauvaise utilisation des ressources qui ajoutera un surcroît de travail inutile aux enseignantes et enseignants et aux directions, et qui n'empêchera en rien une autre situation telle que celle qui existait à Bedford de se produire.
Malheureusement, cette attaque de la CAQ envers les enseignantes et enseignants s'inscrit dans une série de décisions tout aussi déplorables. Récemment, le projet de loi no 47 imposait un code d'éthique contraignant dans toutes les écoles et tous les centres du Québec, sans même respecter le processus de consultation prévu dans la convention collective des enseignantes et enseignants. De plus, le projet de loi no 89, que nous jugeons abusif et inconstitutionnel, vise à limiter le droit de grève des enseignantes et enseignants et a suscité, comme vous l'avez sans doute constaté, de vives réactions dans l'ensemble des organisations syndicales du Québec. Ce projet de loi, s'il est adopté, affaiblira l'un des seuls leviers dont disposent les enseignantes et enseignants du Québec pour défendre et améliorer leurs conditions de travail, et les conditions d'apprentissage de leurs élèves.
Avec ces projets de loi successifs, le gouvernement de la CAQ prend une fois de plus les enseignantes et enseignants pour cible. Il souhaite sans doute relever sa cote de popularité, mais il ne faut pas que ce soit au détriment de l'autonomie professionnelle du personnel enseignant et au risque d'aggraver la pénurie de personnel. Le gouvernement devrait soutenir les enseignantes et enseignants et alléger leur tâche, pas bafouer leurs droits et ajouter une couche supplémentaire de mesures bureaucratiques contraignantes et inutiles.
Cessez de viser les profs, et misez plutôt sur la réussite des élèves!
Steven Le Sueur
Président
Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ)
Renseignements pour les médias
Julie Montpetit, QPAT Communications Advisor
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LA SOURCE: Quebec Provincial Association of Teachers
L.Côte--SMC